Vers les Iles Britanniques et l'Irlande

 Au départ de Camaret, un peu au sud de Brest , la route - c’est ainsi qu’on appelle l’itinéraire prévu, - passe entre les îles d’Ouessant , Sein et la pointe de la Bretagne.

 

  

Elle est réputée délicate ou difficile, les îles, îlots récifs sont nombreux mais leur balisage est bien fait et les conditions idéales. 

 

Je suis avec le flux de la marée, le vent pousse le bateau, j’ai déroulé le genacker, cette grande voile d’avant et hissé la grand voile. Nous progressons bien dans la bonne direction et le grand soleil contribue à une sensation de sérénité profonde.

 

 En fin d’après-midi, nous nous approchons du « rail » un espace virtuel mais présent sur toutes les cartes marines, qui délimite les zones où doivent circuler les navires de plus de 50 m de long, un trajet bilatéral comme une autoroute, pour limiter les risques de collision. Il faut le traverser au plus court cargos et pétroliers y sont prioritaires, et ils vont vite. Aujourd’hui je n’ai pas eu à me dérouter, les navires étant assez espacés.

 

    Par contre en pleine nuit, le pêcheur Sylvia Bowers m’a obligé à changer ma route pour le laisser passer, et comble , une fois dépassé, il fait demi tour revenant sur moi, pourchassant un banc de poissons, dans ces moments là un peu d’attention est nécessaire.

 

     Le reste de la nuit sera tranquille, je me réveille toutes les 20/25 minutes, pour surveiller l’horizon.

 

   L’atterrissage vers les Scilly sera très précis, l’électronique est une aide très précieuse et précise.

 

   Laisser le phare à droite/ babord , une bouée à gauche/tribord, un grand virage vers l’est et nous sommes arrivés à Ste Mary, la ville principale de l’archipel des Scilly, qui compte une vingtaine d’îles , de nombreux îlots et des récifs légendaires.

 

Un charme british, toujours un peu hors du temps, paysages campagnards, vues variées sur la mer, je parcours l’île avec mon vélo. Devant certaines maisons, un petit étal, des plantes en godet, des bulbes, des légumes, on se sert et dépose le prix de son achat, la confiance est là.

 

Deux incontournables, le pub Mermaid ( la sirène) avec son décor un peu kitsch...  J’y suis passé l’après-midi, l’ambiance était plus tranquille que lorsque les équipes de rameurs reviennent d’une course entre deux îles.

 

 

  Et le jardin botanique de Tresco, le climat très doux lié au Gulf Stream, permet des cultures presque sub tropicales.

 

   Établi sur une île dépendant d’une ancienne abbaye, avec des étangs d’eau douce , ce jardin plus que centenaire a atteint un niveau de maturité qui oblige parfois à remplacer des plantes trop âgées ou dont la taille est telle que les tempêtes les déracinent.

 

Tant de variétés de plantes, un tel niveau d’entretien, des vues ouvertes et des perspectives, des pelouses bordées de plusieurs étages de plantes qui se complètent ou s’opposent ou des sentiers serpentant entre des spécimens rares, un plaisir pour un amateur comme moi !

 

   Le reste de l’île est plus banal , encore que les bruyères en fleur , la lande les fougères, les étangs, autour desquels des abris ont été aménagés pour observer les oiseaux lors de leur migration lui confèrent un intérêt touristique.

 

 

   Il est temps de reprendre la mienne, vers la côte sud est de l’Irlande, j’avais envisagé d’aller plus à l’ouest, pour visiter cette intéressante région, mais des coups de vent annoncés risquaient de m’y bloquer et de me retarder dans ma progression.

     

C’est toujours en solitaire que je traverserai la mer celtique, en deux jours et une nuit, le faible vent de la matinée montera progressivement dans l’après-midi, m’obligeant à réduire la voilure, prendre un puis deux ris dans la voile et à rouler partiellement le foc, l’avantage , c’est une bonne vitesse, l’inconvénient : la mer se forme, une belle houle fait rouler le bateau, c’est inconfortable mais sans danger.

 

 Le vent mollira vers la fin de la nuit , je renvoie toute la toile, ah les manœuvres, ça occupe!

 

 Arrivée à Dunmore, ambiance irlandaise bien sympathique .

 

 

 Des falaises de grès rouge creusées de baies où se nichent maisons et hôtels, on sait encore travailler le chaume. 

 

Cela fait de belles maisons , tandis que les navigateurs perdus en mer ont droit à un hommage sculpté en leur mémoire.

 

 

Étape suivante Wexford, juste au dessus de la pointe sud est de l’Irlande.

 

Escale qui se mérite : située au fond d’une large baie très ensablée, le chenal balisé est constamment surveillé et les bouées de balisage déplacées suivant l’évolution des hauts fonds, le suivre nécessite une attention extrême, malgré le principe simple : bouée rouge à gauche , verte à droite.

 

Vu sur une carte, cela paraît limpide, sur le terrain c’est tout autre chose : cette rouge est elle avant ou après cette autre rouge, ah là il n’y a pas de verte en face, donc a priori bien serrer la rouge , et ces bouées jaune verdâtres ?

 

Tout cela par 2/3 mètres de fond , même si Mandala n’a qu’un mètre dix de tirant d’eau , d’ailleurs je toucherai doucement un banc de sable, bien sûr sans aucun dommage.

 

Sur une vague terre émergée, des troncs attirent mon attention, un coup de jumelles vers ces .. .phoques! 

Une quinzaine qui se prélassent, je suis bien trop occupé pour tenter la moindre photo.

 

Une heure pour serpenter ces 4 miles, 7 km, j’arrive à la ville, dont le quai est occupé par des bateaux de pêche, sur deux ou trois rangs, sur l’autre rive du fleuve, rien de bien engageant, je décide d’ancrer et de me rendre à terre en annexe.

 

 

Une vague digue accueille quelques canots, très peu d’eau. L’hélice du hors bord brasse la boue du fond , je finis les derniers mètres à la rame et accoste à un escalier de granit.

 

 Je n’ai guère fait attention à la marée, quand je reviens trois heures plus tard, l’annexe est... posée sur le fond , à sec! 

 

Je dois attendre le retour du flot pour regagner le bord...

 

 

 En cette fin août grisaille , pluie et fraîcheur manquent de charme, mais une bonne nouvelle vient éclaircir l’horizon : Philippe dispose d’un peu de temps pour pouvoir faire avec moi la traversée du canal calédonien, qui traverse en diagonale l’Ecosse ; depuis jeune collégien je m’interroge sur cette balafre qui barre ce territoire , ma curiosité va être comblée.

 

J’étudie les dates  disponibles, ma position, la météo, la topographie de la côte irlandaise, devant une Guiness bien sûr. 

 

La décision est rapidement prise, je vais remonter d’une traite toute la côte est de l’Irlande et donner RV à Bangor , un port à l’entrée de la baie de Belfast, Irlande du Nord, d’où nous partirons vers l’est.

 

Dommage de rater paysages et ports Irlandais, mais... 

 

 

 En dehors des dates de Philippe, il faut prendre en considération l’avancement de la saison, plus le temps passe, plus le risque d’avoir du mauvais temps augmente. 

 

Or dans cette région il est fréquent et souvent costaud. 

Je n’oublie pas qu’ensuite je devrai traverser la mer du nord, là encore il faudra tenir compte de la météo.

 

Pour l’instant un vent favorable et un peu fort me fait avancer à bonne vitesse, m’obligeant souvent à adapter la voilure. 

 

Je n’aime pas forcer le bateau, qui pourrait supporter beaucoup plus, mais il m’a chuchoté un jour qu’il était plus heureux quand ses voiles étaient équilibrées. Quant à moi j’ai remarqué que sa vitesse demeurait identique, nous sommes sur une même longueur d’onde.

 

Le dimanche 1er septembre représentera une date importante dans son histoire, puisque le traceur de carte annonce le franchissement des 30 000 miles nautiques, soit 55 560 km. C’est beaucoup, surtout en seulement sept saisons de navigation.

 

Que de moments , de milliers d’heures, aurons-nous passé ensemble, joies et plaisirs la plupart du temps, contrariétés et soucis parfois mais si j’estime un bilan , il est absolument positif et correspond à l’attente - de si nombreuses années - que j’avais lorsque ce projet n’avait pas encore pris corps.

 

Bon nombre de visiteurs sont surpris par son aspect quasiment neuf malgré la distance parcourue. Il n’y a pas de secret, une attention permanente à tout ce qui peut occasionner un dommage, l’anticipation des risques, et les réduire, sans pouvoir les éliminer, et un entretien permanent... aidé par une très bonne construction.

 

Merci au chantier Garcia et à son directeur technique Antonio.

 

 

Bangor est une petite ville de la banlieue de Belfast, sans charme ni style, mais avec un très bon port , elle sera notre point de départ vers l’Ecosse. La traversée de la mer d’Irlande devra être rapide pour être amarré à Oban , Ecosse, avant l’arrivée d’un nouveau coup de vent, qui ne nous permettra pas de débarquer en ville, et surtout de visiter sa distillerie, regrets éternels... Vu de loin , la ville avait l’air intéressante.

 

 

 

Nous sommes désormais à pied d’œuvre pour franchir le canal Calédonien.

 

À très bientôt pour ce grand moment!

 

 

Amitiés et bises

Bernard

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De Lisbonne à la Bretagne

Depuis Lisbonne, bloqué dans la rade de Cascais, j’attends que les vents contraires cessent...une petite semaine.

 

Puis progression vers le nord , Aveiro, Viana de castello, les îles Cies réserve naturelle, ce sont souvent des navigations avec une nuit en mer , le risque, ce sont les très nombreuses bouées des filets et casiers de pêche, impossible à voir de nuit.

 

Arrivé en Galice, je suis rejoint par Marie , Annie et Mary, notre croisière était prévue...en Bretagne, mais la météo...

 

De belles étapes, des petits ports et villages...mais la température n’est guère clémente, les maillots de bain resteront au placard, sauf pour Marie qui nage avec une sorte de polaire de natation.

 

 

 

Leur départ de la Corogne sera également le mien pour traverser le golfe de Gascogne.

 

Les navigateurs savent qu’il faut le prendre au sérieux, ses colères pouvant être redoutables, un bon créneau météo nous permettra une belle traversée, quatre jours et trois nuits , avec un vent qui nous pousse, donc agréable.

 

Une après-midi, pêche, une première touche se détache au bout de quelques secondes, les 2e et 4e casseront la ligne , avec perte du leurre et des dizaines de mètres de fil, les 3e et 5 e se libéreront juste à l’arrière du bateau, la 6e , remontée sur la jupe , l’espace plat à l’arrière du bateau rompt le fil qui n’était plus sous tension, je me précipite, attrape le poisson par la queue et une ouïe et l’emporte en sécurité pour nous ( moins pour lui ... ) dans le cockpit , où il sera fileté, 7/8 kg , belle bête qui sera savourée crue, à la tahitienne, grillée...

 

 

Arrivé à La Rochelle, Bernard C , mon équipier valeureux me quitte , Merci a lui d’avoir permis une traversée plus en sécurité que seul, pour les manœuvres et la veille des cargos ou pêcheurs.

 

 Je profite des compétences locales pour quelques travaux, surtout changer le ballon d’eau chaude, qui est quasi inopérant ne faisant plus d’eau chaude, pour naviguer en Norvege, ça peut être utile,il était complètement entrarte, rançon des eaux calcaires de Grèce et Croatie.

 

Ensuite montée vers la Bretagne, où je rencontre plusieurs amis qui y séjournent, moments bien agréables, merci à eux... 

 

Ré, les sables, yeu, noirmoutier, Pornichet , où une escale un peu longue me permettra de renouer avec ma passion jardinage, entretien, achat de plantes et leur plantation...

 

Des plaisirs simples , à terre , moins faciles sur un bateau. 

  

Le Crouesty , où je croise nos voisins et amis de L’HAY, une journée vers Houat sera bien agréable, près de sa belle plage.

 

Là nous sommes vers le 15 août.

 

Marie me rejoint, au mouillage devant le Palais, Belle Île , le feu d’artifice aux premières loges, magique .

 

Lorient , Port Louis ne laisseront guère de trace positive dans l’esprit de Marie, la pluie et la température ne furent guère appréciées, ainsi que le manque de vent.

 

 

 

Mais le 18/08 le ciel se dégage, le vent monte , nous prenons un ris pour réduire la voile, du plaisir s’installe. Ouf sinon je me sentais un peu coupable d’une nav bien ingrate.

 

 

 

De port Manech , vers Benodet, Audierne, et Camaret , enfin les voiles nous porteront, pour le plus grand plaisir de l’équipage.

raz de sein , redoutè , mais tranquille ce jour là
raz de sein , redoutè , mais tranquille ce jour là

 

Marie m’a quitté hier à Camaret ,  retour en ile de france, après une grosse journée d’entretien, je m’apprête à partir ce vendredi 23/08 vers les îles Scilly, à la pointe de la Cornouaille anglaise, 24/28 heures de nav , avec un vent qui devrait me pousser , mais il y a de nombreux cargos qui traverseront ma route ( ou inversement, je traverserai la route de nombreux cargos...) et la plus haute vigilance est requise, aussi bien du côté français que vers la GB.

 

 

 

Il y a des dispositifs électroniques qui aident à repérer les navires potentiellement dangereux, et à modifier sa route pour les éviter.

 

 

 

Les Scilly sont un petit archipel, quelques îles, deux points incontournables, le bar MERMAID  la sirène, où on boit une bière dans un cadre british typique, et LE JARDIN botanique de Tresco , où je vais prendre des nouvelles du plus bel arbre, un metrosideros excelsa, que je vénère depuis des lustres.

 

 

Puis je gagnerai la côte sud est de l’Irlande, avant de remonter vers le Nord.

 

SUPER , depuis le début de la rédaction de ces lignes , le vent passe au nord est , exactement ce que je désire pour ma traversée demain. Je finis de préparer le navire pour cette traversée, la négligence ou l’imprécision ne sont pas admissibles , sous peine de mettre en danger navire et équipage...

 

Les dernières météos donnent un vent favorable, plutôt un peu faible pour Mandala, j’ai préparé le genacker, une grande voile d’avant, qui permet de se décaler dans les petits airs.

 

Prochain récit, apres mon arrivee aux Iles Scilly !

 

D'ici là, prenez soin de vous, 

 

B.D.

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En passant par Gibraltar

Ayant laissé les amis au Nord de la Sicile, je poursuis ma route vers l’ouest, samedi 25 et dimanche 26 juin , vers la sud de la Sardaigne, Cagliari, ce ne fût pas une traversée idéale, trop peu de vent donc voiles aidant le moteur, puis le vent s’améliorant, je déroule le genacker, cette grande voile d’avant, des dauphins viennent jouer entre les étraves , ce sont des moments de grand plaisir, qu’ils y restent 20 minutes ou juste quelques sauts.

 

 

 

 Ce vent favorable ne dure pas, voiles affalées, il bruine, pleuvote, le bateau roule avec la houle.

Au matin il pleut mais le vent revient et permet d’aller dans la bonne direction.

 

Et , dans le cockpit, l’endroit couvert à l’extérieur, j’aperçois un petit oiseau, un verdier je crois, trempé, transi qui se cache dans un coin abrité, nous sommes à 45 km des côtes, il a un peu perdu le nord...

 

 

 Il profite de l’ouverture de la porte du carré pour s’y réfugier , et progressivement séché ses plumes, volete un peu , se repose mais ignore le pain et l’eau que je lui propose. Il a trouvé un petit coin à son goût, et s’y tient. 

 

 

   Arrivé près de la marina de Cagliari, je n’aurai pas le plaisir de le voir regagner la terre ferme, car la manœuvre m’appelle.

 

Voilà, je suis amarré à la marina saint Elma, déjà connue, car il y a six ans j’y étais passé, une sensation de retour, de reconnaissance intense, je suis en pays connu, terme qui me gêne un peu mais paraît adéquat aujourd’hui.

 

     Je retrouve la ville ancienne, enclose, ses petites rues si étroites pour lutter contre la chaleur, des linges qui sèchent, des travaux d’aménagement qui donnent une autre ambiance à ces lieux historiques et architecturaux.

 

   Un beau musée d’objets régionaux, une belle vue vers le port des cargos, et à l’opposé sur le lagon protégé où se réfugient des milliers de flamants roses.

 

 

  Je gagne toujours vers l’ouest, Chia, Porto Teulada, et Calassetta au sud de la Sardaigne.

 

     J’y suis le WE festif de la pêche au thon rouge , ancestrale, avec un filet qui est progressivement resserré, et la mise à mort, je n’y suis pas allé, mais ça attire un monde fou.

 

 

Traversée Sardaigne Minorque.

 

Trois jours et trois nuits de mer, quasiment tout au moteur, ça devient un refrain... Lassant.

 

Marie m’y rejoint pour une semaine, j’avais envisagé un peu trop rapidement sur la carte un trajet des baléares d’est en ouest, mais rythme trop soutenu, nous sillonnerons la côte sud de Minorque.

 


 

    Belle île peu atteinte par le tourisme de masse qui sévit sue les autres îles ou sur la côte espagnole.

 

     Des mouillages assez sauvages, dans des baies aux eaux claires, le soir marche sur le chemin douanier qui fait le tour de l’île, très bien tracé et balisé, il serait intéressant de prévoir une dizaine de jours pour le parcourir en entier. 

 

 

 

Ce seront ensuite de longues navigations, vers le continent, puis la côte sud est espagnole:  Gibraltar, Tarifa, Cadix 

- très belle ville.

 

 

Puis Alvor où nos amis portugais ont une maison , mais n’y sont pas, à ce moment. 

 


 

Cascais, à l’entrée du Tage sur lequel se trouve Lisbonne.

 

Comme je le craignais, lés alises portugais se lèvent , vents contraires qui me bloquent une petite semaine.

 

 

J’en profiterai pour visiter Lisbonne, il y a pire ! :-) 

 

 

 Enfin un vent favorable revient et permet ma progression vers le nord, où nous nous retrouverons prochainement.

 

Amitiés et bises 

Bernard

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De Porto Kayo à Cefalu

 Nous nous sommes quittés à Porto Kayo, dans le Magne , au sud du Péloponnèse, une belle nature sauvage, assez montagneuse, des maisons cubiques aux murs de pierre apparente forment un bel ensemble que j’aurai pourtant peu l’humeur d’apprécier.

 

 

En effet , en fin de mouillage/ancrage, le bateau s’est mis à réagir de manière inhabituelle en marche arrière.J’ai immédiatement diagnostiqué un problème d’hélice droite , les deux moteurs de mandala sont équipés d’hélices à pales orientables : lors de la navigation à voile, elles se mettent en drapeau pour offrir une résistance minimale, lors de la marche avant ou arrière les pales font un quart de tour et viennent en butée, permettant la propulsion.

 

Pour analyser le problème, je plonge avec masque et tuba, tourne les pales pour les tester et constate immédiatement le problème : il n’y a plus de butée, les pales tournent librement, de plus un interstice de 7/8 mn est apparu à la base de l’hélice.

 

Très ennuyeux, que s’est-il passé ?

 

Il va falloir sortir le bateau de l’eau pour apprécier les dégâts et tenter une réparation, ce qui nécessite une sorte de grue mobile très large donc peu répandue.

 

Mon choix , entre deux seulement se fait pour Preveza, un port au sud de l’île de Corfou, à 220 miles, 400 km d’où nous sommes, nous donc voilà immédiatement repartis après une escale de deux heures...pour une navigation à marche/voile forcée vers le chantier naval.

 

Inutile de préciser que mon moral n’est pas au beau fixe, que se passe-t-il avec cette hélice ? Est-ce réparable, faudra-t-il la changer, ou simplement un réglage ?

 

Pour l’instant elle est inutilisable, seul le moteur gauche peut nous faire progresser, et les manœuvres de port avec un seul moteur sont très hasardeuses.

 

Un peu de vent aidera notre progression, aidé par le genacker, cette grande voile d’avant de surface double du foc habituel.

 

Une heureuse et si inhabituelle surprise vient de la capture d’un thon de 6/7 kg, François le remontera, Christine le filètera, il sera dégusté de toutes les façons ,je ferai quelques bocaux de conserve à savourer plus tard.

 

En début de nuit , nous arrivons à METHONI , dont je connais la baie , cela facilite un mouillage nocturne. 

 

Le lendemain, le soleil éclairera les remparts du château franc et de la tour byzantine, leur visite sera pour une autre fois. 

 


 

Rapidement un vent favorable venant de l’arrière nous pousse vers notre destination, malgré des conditions musclées, le (bon ) repas de midi sera servi à table, couvert mis, alors que dans un monocoque le bateau serait gîté/penché et le repas servi dans des bols, avantage du catamaran.

 

 

Bonne progression dans ce vent, même si le temps devient noir avec une fraîcheur inhabituelle, des rafales un peu menaçantes nous trouvent dans le port assez bien protégé de Zakynthos. Très belle île , à voir, pour nous une autre fois.

 

Puis la longue étape vers Preveza 80 mn, 140 km sera plus paisible, du moteur entre les îles de Cephalonie et Ithaque, puis nous envoyons le grand foc d’avant, et finissons les voiles en ciseau , l’une d’un côté, l’autre de l’autre, pour le plus bel effet et une bonne efficacité.

 

Mouillage à PREVEZA , qui est à l’entrée d’un très grand golfe marin , dont les rives cultivées donnent l’impression de naviguer en Normandie.

 

  

Jeudi 5 , le chantier choisi sort le navire avec un travlift, une très grosse structure motorisée (voir la taille des roues ) qui s’avance sur deux quais entre lesquels un bras de mer de 8 m de large 30 m de long permet au bateau de s’approcher , il est immobilisé par quatre amarres, et les sangles qui ont été immergées avant son arrivée vont le sortir de l’eau.

 

C’est assez technique, malgré une apparente simplicité, une erreur de calage serait catastrophique, ils sont rodés, ça se passe très bien.

 

Mandala est ensuite déposé sur un chariot qui va l’emporter sur son aire de stationnement, tout cela se fait à très faible vitesse 3 km/h une personne de chaque côté guide le conducteur qui ne voit pas grand chose.

 

Il est posé sur quatre tranches de bois , nous allons pouvoir analyser la situation.

 

Étude de la doc technique, tel à l’importateur en france nous permettent de comprendre le problème : deux vis internes à l’hélice se sont dévissées, le bloc hélice a un peu reculé, d’où la panne, bonne surprise , rien ne semble abîmé, donc démontage, nettoyage, dégraissage, remontage regraissage et réglage du pas , en suivant les conseils.

 

L’autre hélice bénéficiera des mêmes soins et le lendemain mandala retrouve son élément, et Bernard un meilleur moral...

 

 

Cet événement un peu imprévu nous a conduit beaucoup plus au nord que je ne le prévoyais, car je pensais longer la côte sud de la Sicile . Mon plan doit  être modifié , ce sera un passage par le détroit de Messine, entre la pointe de la botte et la Sicile puis sa côte nord , le plus court trajet vers l’ouest que je souhaite atteindre.

 

 

Nouvelle longue traversée, 265 miles, 480 km en deux jours et 15 heures, nous aurons un peu de tout, moteur, voile , genacker, prise de ris dans une survente bien temporaire...

 

Dans le détroit, des kytesurfeurs viennent nous saluer.

 

Amarrage l’après-midi dans le port de REGGIO DE CALABRE , descente à terre, ça fait du bien, il est dimanche, il fait beau, tout le monde est dans les rues et déambule , bon enfant.

 

Vers l’ouest , dans les nuages , à demi couvert de neige, l’Etna.

 

 

François suggère une escale à l’île de Vulcano, pour s’y rendre , dans le chenal nous devons laisser le passage libre aux cargos et si nombreux ferrys entre continent et l’île, un rond point obligatoire est même présent sur les cartes pour éviter les collisions .

 

Quelques dauphins passent près sans s’arrêter, puis trois bateaux de pêche typiques de la pêche à l’espadon, une vigie en haut d’un immense mât , d’où le guet est fait , et devant un TRÈS long bout dehors ( bien regarder la photo) d’où est lancé le harpon, mais ce jour-là, pas de pêche.

 

Vers le nord , le Stromboli fume doucement.

 


 

Après la perte de plusieurs leurres de pêche, par des poissons trop gros, perte originale aujourd’hui: un bateau des gardes côtes passe si près de notre arrière, une trentaine de mètres, qu’il arrache une des lignes, merci.

 

À Volcano, notre faible tirant d’eau nous permet de nous approcher de la côte, près de nous , des sources sous-marines d’eau chargée de soufre parfument l’atmosphère,des bulles et un geyser jaillissent un peu partout, un bain de boue , près de la plage serait bon pour la peau., plages de sable noir.

 

Joli village, jardins, plantations, vergers poussent sur cette riche terre ,mais le tourisme est une ressource bien plus intéressante.

 

Le volcan nous surveille de ses 350 m de haut, dernière éruption, il y a un siècle.

 

Son ascension sera une belle balade parmi les genêts aux fleurs odorantes, en haut une végétation rabougrie survit.

 

Un cratère bien rond, des fumerolles un peu partout, à un endroit les vapeurs sulfureuses prennent à la gorge et piquent les yeux, nous n’avons pas pris le sentier qui les évite. Des capteurs surveillent une éventuelle reprise d’activité.

 

 

Quelques heures le long de la côte Nord nous permettent d’apercevoir le paysage, des villages perchés, de grosses collines boisées.

 

Nous ancrons près d’un port de pêche et de la ville de CEFALU.

 

 

Départ des bateaux au coucher du soleil, retour le lendemain dans la matinée, la pêche , des sardines, est traitée dans une conserverie sur le port.

 

Nous sommes au pied d’une grosse colline, 320 m, d’origine volcanique encore, très abrupte, habitée depuis des millénaires, un château y a été construit, plusieurs fois remanié . Une ruine de type cyclopéen y subsiste.

 

Après une visite de la ville, très pittoresque , nous y grimperons, bien sûr vers midi, mais la canicule est loin d’être là , les températures de l’air 18/22° et de l’eau 20° sont bien basses pour la saison.

 

De belles vues vers les toits de tuiles, les maisons, églises et cathédrale .

 

 

Un cortège d’écoliers marche derrière une pancarte qui dénonce la mafia, significatif , pourtant tout parait si paisible.

Ah les apparences...

 

François et Christine quitteront Mandala ici, prenant le train vers l’aéroport de Palerme, d’où ils rentreront en France.

Je les remercie beaucoup de tout ce qu’ils m’ont apporté par leur expérience leur assistance et leur présence.

 

Tandis que le navire poursuivra sa route vers l’ouest, et sera l’objet d’un envoi dans... disons deux semaines.

Bernard ne te relâche pas ! 

 

Merci de votre lecture et de vos messages, je vous souhaite un bel été.

 

Amitiés et bises.

Bernard

 

Photo d’une acanthe , oui les chapiteaux antiques, une plante que j’aime bien.

 

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De Marmaris au Peloponese... et ensuite!

   Ce premier chapitre illustre la navigation de Marmaris ( Turquie ) au Peloponnese sud ( Grèce) du 27/04 au 12/05/19.

 

 

Bonjour, voici des nouvelles de Mandala.

 

   Après avoir navigué depuis cinq ans en Méditerranée, connaître toutes les îles grecques significatives et de nombreuses petites, à l’exception de Salamine, que le guide déconseille pour ses raffineries de pétrole, et connaître tous les dauphins de la mer Égée, le souhait de changer de bassin de navigation devient une évidence.

 

   J’avais, un temps, envisagé les Antilles, mais l’extension de ma couverture d’assurance vers cette région a été refusée, la compagnie ayant eu une saison catastrophique avec les cyclones, aussi ai-je radicalement changé de destination, m’orientant vers la Scandinavie, Norvege, puis Suède et mer Baltique.

 

   Cela représente un très long trajet , plus de 5000 km, 3500 MN , comment se déroulera cette navigation ? Avec des vents favorables je devrais arriver en début d’automne , ce serait l’idéal, sinon un hivernage en cours de route est prévisible.

Naviguer à la voile présente des aléas qui ne permettent pas une planification aisée des étapes et des dates.

 

   «  un voyage de mille lieues débute par un premier pas «  écrivit Laos Tseu.

Pour Mandala et pour moi, cela debute par un trajet ( en noir sur la carte ) 

 

 

Entre Marmaris et l’île grecque de Symi, tout au moteur (dommage) avec mes amis Philippe et Luce qui y terminent les finitions de la maison qu’ils viennent d’y faire  construire , beau terrain de 4500 m2 , trois terrasses séculaires entourées de murs de pierres sèches.

 

   J’y resterai cinq jours, aidant aux travaux de la maison et à l’entretien du jardin qui a été planté en fin d’année dernière : une oliveraie, un verger avec des arbres fruitiers dont un bon nombre sont exotiques, manguiers, kakis, litchis et autres essences si improbables dans nos contrées, mais adaptées au climat méditerranéen.

 

 

 

 


 

 Vous connaissez ma passion pour le jardin et mes plantes, voir les petites feuilles éclore, les fleurs apparaître fut un grand plaisir.

 

 

 Nous y étions pour la Pâques Orthodoxe, bien sûr, offices partout, avec sonneries de cloches et très nombreux... pétards retentissants; sur le port, une douzaine d’agneaux grillent, attendant d’être partagés avec les habitants.

 


 

Cependant les impératifs de mon voyage se rappellent à moi, la traversée suivante vers l’île de Nysiros fut également au moteur, une île volcan , un vaste cratère au centre duquel plusieurs cratères fumants témoignent d’une relative activité,  des cristaux de soufre se déposent près des émanations odorantes d’hydrogène sulfuré.

 

    Près d’un petit port charmant, dont l’entrée s’ensabler régulièrement, a été construit de vastes bâtiments, il y a plus de 50 ans, un institut hydrothérapique qui n’est pas allé plus loin que la maçonnerie, et qui devait utiliser les sources d’eau volcaniques sulfurées et radioactives.

 

   Le sol riche des pentes du cône accueillent des oliviers, citronniers et amandiers, avec le fruit duquel est fabriqué un orgeat local , la soumada.

 

  De belles ruines d’une forteresse hellénistique près du chef lieu de l’île , accueillant.

 

   En face l’île de Yalis est dévorée par d’énormes pelleteuses qui exploitent la lave.

 

 

Vers Astipalee, une des îles préférées de Marie, un beau trajet à la voile, un gros village planté sur une colline dont le sommet est occupé par une forteresse assez ruinée, contrastant avec la chapelle centrale en parfait état, et montre le soin que les Grecs ont envers leur religion.

 


 

 Amorgos, l’île du «  grand bleu «  et qui le commémore bien, atteinte à la voile, sera le havre qui permettra de laisser passer sereinement un coup de vent de sud puis juste après, d’ouest.

 

La ville ancienne, la chora, comme très souvent sur ces îles , est construite en retrait de la côte et en altitude, moyen de lutter contre la venue des pirates qui ont sévit des siècles dans ces eaux, ce n’est que depuis un peu plus d’un siècle que des villages se sont établis autour des ports.

 

  Et le fameux monastère accroché à la falaise, 11e à 13e siècle, tout blanc, icônes, manuscrits, objets liturgiques, dans une ambiance très paisible.

 


 

   Skinoussa , Sifnos seront des étapes avant l’île de Milos, dont une Venus trône au Louvre, et dont le retour est régulièrement demandé, ainsi que la victoire de Samothrace, dont les habitants déclinent l’image jusqu’à plus soif.

 

   Milos est également un volcan,, il y en a tout un chapelet en mer Égée et ailleurs, les volcans italiens Etna, Stromboli, Vulcano à l’ouest, et d’Asie mineure à l’est sont sur une zone de fracture.

 

Son centre s’est effondré, créant une mer intérieure où s’abrite le port. Les roches volcaniques sont exploitées, broyées et chargées sur des cargos, comme matériaux de construction, en particulier la pierre ponce dont la légèreté ( elle flotte ) permet des bétons légers.

 

Le commerce de l’obsidienne, une sorte de lave de verre noir lui assura la prospérité, on y taillait des couteaux, lames de flèches... 

 

Un très intéressant musée de géologie vaut d’être visité.

 

 

  Arrivent ce soir François et Christine, qui vont naviguer quelques jours à bord, des petits débutants qui n’ont qu’un demi tour du monde à la voile à leur actif (!!).

 

Impressionné par leur expérience, je suis un peu dans mes petits souliers...

 

  La première étape sera longue, il n’y a pas d’escale possible vers l’ouest, aussi il nous faudra 22 heures pour arriver à notre destination, le doigt central du Péloponnèse, avec un passage obligé près du fameux cap Maleas , juste au nord de l’île de Cythère, redouté pour ses coups de vent. Cette nuit fut si calme, que le moteur devra aider la voile pour nous faire progresser .

 

   La baie de Porto Kayo, la baie aux cailles, nous accueille, nous mouillons l’ancre après une nuit écourtée par les quarts de nuit que nous devons assurer pour faire naviguer le navire en sécurité.

 

Je vous ferai partager la suite de notre progression d’ici une quinzaine de jours, c’est promis, je tenterai d’être plus fiable que les années précédentes..

 

   Bonne journée et merci aux amis qui m’ont dit trouver du plaisir à suivre ce blog.

 

Bernard

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Saison 2019 - La Reprise du Blog!

Bonjour, des nouvelles de Mandala et accessoirement de son skipper.

 

   Nous avons quitté Marmaris, nous dirigeant vers les îles grecques , avec un arrêt de quelques jours chez Philippe et Luce, avec un peu d’entretien du jardin planté à l’automne, vous connaissez ma passion pour plantes et jardins...et bricolage dans la belle maison, en cours de finition.

 

   Puis navigation vers l’île volcan Nisyros, voile vers Astipalee, l’île grecque préférée de Marie, dont la colline est surmontée d’un castro ruiné et d’églises au dôme bleu, et hier vers Amorgos , l’île du grand bleu.

Astipalee et son château.
Astipalee et son château.

Un bon coup de vent de sud-est puis juste après d’ouest, m’y cloue pour quelques jours.

 

   Je ne suis pas seul à avoir choisi cet endroit bien protégé, nous sommes une douzaine, quant au petit ferry qui y a son port d’attache, il barre toute la baie avec une immense amarre pour se préserver des vents qui seront à leur maximum cet après-midi .

 

  Ces pluies venant du Sahara repeignent Mandala en... jaune grâce au sable qu’elles véhiculent, du nettoyage à prévoir , sur ces îles si pauvres en eau.

 

  Une fois ces vents passés, poursuite vers l’ouest ,Milos, où François et Christine devraient embarquer avec une navigation vers l’ouest.

 

   Actuellement la pluie ne permet pas d’être à l’extérieur, je nettoie ce qui doit l’être à l’intérieur, pas exaltant mais utile.

 

   Je vous souhaite un beau soleil, dans le ciel ainsi que dans votre cœur.

 

 

À bientôt.

La pêche est toujours aussi fructueuse... nettoyage des océans.
La pêche est toujours aussi fructueuse... nettoyage des océans.
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Nouvelles de Novembre 2017

QUELQUES ACTUS...


Depuis son retour en Grece, mi septembre, après la Croatie, mandala a sillonné les iles de l'ouest , en particulier Corfou, puis passage du canal de Corinthe, pour arriver en mer Égée.

 

Là, je souhaitais aller vers le nord , pour pouvoir revenir plus facilement vers le sud, le vent toujours du nord en a décidé autrement, aussi ais je adapté mon itinéraire pour avoir une navigation moins difficile, contre le vent tonique et la houle qui va avec.

 

Un passage vers les Cyclades, et je viens d'arriver dans le Dodecanese, ces iles le long de la côte turque.

 

Je suis à Kalymnos, l'île des pêcheurs d'éponges, et maintenant haut lieu de l'escalade, dans ses belles falaises.

 

J'y suis coincé pour deux jours par des vents de sud est et demain de fortes pluies.

 

Le navire gagnera la côte turque, et hivernera à Marmaris, courant décembre.

 

 

LE PASSAGE DU CANAL DE CORINTHE


 

Ce célèbre canal, à la fois connu et méconnu, permet le passage des navires entre la mer Égée, à l'est , et le golfe de Corinthe puis l'Italie , à l'ouest , à l'endroit le plus étroit entre grèce continentale et le Péloponnèse.

 


Il raccourcit très nettement la distance à parcourir et permet d'éviter une navigation qui peut être périlleuse, autour de cette vaste île. Le cap Maleas est un peu Sein et Ouessant chez nous.

 

L'idée de franchissement est très ancienne, dès le 6e siècle avant l'ère, une voie pavée sur laquelle des chariots tirés par des esclaves, transportant les navires avait été construite. Il en reste des fragments, avec l'empreinte des roues dans les pierres.

 

Plusieurs empereurs romains songèrent à percer l'isthme, Néron , en 67 , inaugura les travaux avec une pelle en or, ceux ci n’avancèrent guère, il fut rappelé à l'ouest, par des troubles en... Gaule.

 

Le percement actuel sera réalisé entre 1882 et 1893, il sera l'occasion d'un " petit " scandale financier...

 

À chaque extrémité, un pont permet le passage des voitures, ils ont la particularité de s'immerger à 6 mètres de fond , permettant le passage des navires. Lors d'un de mes passages, étant le dernier du convoi, ils ont commencé à relever le pont avant que je ne sois engagé, petit stress inutile, la remontée est lente.

 


Lorsqu'on arrive de l'ouest, on doit s'annoncer par la radio VHF, " ici le navire mandala, je mesure 13 x 6.5 m , voilier , j'arrive de l'ouest et souhaite passer le canal.

 

Quelques instructions sont données, puis " attendez " , aucune indication de délai n'est donnée, ça peut être court, 15/30 minutes, long 2/3 heures...

 

Cette fois là, plus d'une heure, j'ai tourné dans la baie, la trace de couleur bistre sur mon GPS représente mon attente.

 

 

Puis appel : vous allez bientôt passer. D'abord les grands navires, les yachts à moteur enfin les voiliers, en se suivant.

 

On voit le pont s'immerger, la voie est libre , les feux de circulation sont passés au vert.Le passage se fait alternativement dans un sens puis l'autre, croisement et doublement sont impossibles et interdits.

 

Progressivement les rives s'élèvent, la clarté du jour diminue dans cette profonde tranchée.

 

Quelques arbustes s'accrochent aux parois, tandis que des oiseaux y nichent, aucun promeneur ne viendra les déranger. Par endroits, des traces de peinture révèlent un passage un peu trop près des rives .

 


 Le canal mesure 6350 m de longueur, 23 m de large, 7 à 8 m de profondeur.

 

Les berges quasi verticales, 79 m au plus haut, sont franchies par des ponts routiers, autoroutiers et ferroviaires. 

 

Le temps de passage est de 25 à 30 minutes.

 

Vers le milieu du canal, là où les berges sont les plus hautes, je ne peux que ressentir une émotion profonde, la pénombre, ces ponts d'où des gens vous saluent, l'historique si ancienne, tous ces bateaux qui sont passés avant moi, de commerce, de guerre ou de plaisance.

 

C'est un lieu qui ne laisse pas indifférent, je lui prête une âme.

 

 

Les rives sont très raides, le calcaire n'est pas très solide, le passage de navires, même à vitesse limitée sape les berges. Des éboulements sont assez fréquents, le chemin de halage n'ayant plus les navires sans moteurs, a presque disparu.

 

Il faut barrer soigneusement, au degré près, c'est quand même assez étroit ; les grands navires, cargos, voyageurs sont tirés par un remorqueur pour une meilleure précision.

 

Avant...

... Et maintenant



À l'extrémité Est, un grand quai , où l'on doit s'amarrer pour régler les (chers ) droits de passage, dans un bâtiment évoquant une tour de contrôle, ce qu'elle est d'ailleurs.

 

Sur ce quai stationne un camion citerne qui propose ses services, ravitaillement en diesel , pourquoi pas?

 

Il y a en Gréce plein de "petits métiers " il faut s'adapter à cette crise qui dure mais dont on dit qu'on en voit le bout. Pesante à Athenes et au Pirée, elle est beaucoup plus discrète dans les îles meme si les grecs se plaignent.

 

Devant Mandala s'ouvre la mer Égée, sa centaine d'îles magnifiques et variées, mais pour l'instant, sur la rive nord de la baie, l'industrie pétrolière aligne ses reservoirs et ses torchères fumantes.

 

Les petites maisons blanches ne sont qu'un peu plus loin, derrière l'horizon.

 

Passage sous les ponts, de l'un d'eux, il y a du saut à l'élastique... Les sauteurs évitent en général de s'embrocher sur les mats des bateaux passant en dessous !

 

Sourions...


PHOTO HUMORISTIQUE !

Un brin de poésie


 

HAÏKU  (Poème court de trois vers) de ISSA, JAPON, debut XIXe Siecle.

 

L'ENFANT QUI L'IMITE

EST PLUS MERVEILLEUX

QUE LE VRAI CORMORAN.

Sérieux, très...

AFIS association francaise d'information scientifique


 

Son site PSEUDOSCIENCES regorge d'informations validées par la science et ceux qui la font. Ça change des infos brassées sur les médias, là ce sont les pros qui s'engagent et signent leurs articles.

 

Ça décoiffe souvent, parfois on a l'impression de rêver / cauchemarder  : les médias nous disent ÇA , et les pros nous prouvent le contraire... à consulter sans modération.

 

Merci d'avoir lu, gardez dans votre tête un petit coin de ciel bleu grec.

 

Bises

BD


Mise en page par Eric (assistant numérique ;-)

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Turquie du Sud et Mira / Demré


Écrit debut juin 2017 , ce texte a disparu lors d'un rangement inadéquat, cette disparition m'a si contrarié que je n'ai plus rien écrit ensuite.

 

Je sais que c'est avec une impatience fébrile que vous attendez des nouvelles des navigations de Mandala.

 

Pour une fois , je ne suis pas trop en retard, et tenterai même d'être encore plus régulier , grâce à ce site de blog.
Je suis revenu à bord début mai, contrôle des travaux d'entretien réalisés durant l'hiver, puis depart vers le sud le l'est de la Turquie .
 

 

Une rencontre avec des dauphins, pendant cette première navigation est considérée comme de bon augure.

 

Des vents favorables permettront souvent d'aller à la voile, ce qui n'est pas si fréquent, ne plus entendre de moteur, simplement le son de l'écoulement de l'eau le long des coques est un si grand plaisir.

 

Après quelques jours, je croise le sillage d'un bateau amis , L'arrache cœur, voir B Vian , avec François et Christine, nous naviguerons plusieurs jours ensemble, dans une ambiance très agréable, des visites intéressantes, et des dîners savoureux.

 

Quelques points forts, la baie de Kekova, une longue étendue d'eau fermée par une ile, sur ses rives on trouve de nombreux sarcophages lyciens l'un d'eux , particulièrement immergé est tres photographié, également des ruines antiques maintenant sous l'eau ou un château médiéval sur une colline.



VISITE DE DEMRÉ


 

La ville de Demré (ex Mira) offre un interessant raccourci historique.

 

Apres une courte navigation pour rejoindre son port contemporain, nous prenons un taxi pour aller vers le port antique, maintenant à trois km, du fait des alluvions de la côte, cela fait la prospérité de la ville, car ce sol riche se prête à la culture sous serre de légumes, l'eau n'est pas rare, le soleil généreux, les conditions sont idéales.
Trois périodes historiques principales voisinent.

ÉPOQUE LYCIENNE

 

Les nécropoles rupestres de cette civilisation vers les 5ème / 3ème siècles avant l'ère, très souvent creusés dans des falaises verticales, plus ou moins hors d'atteinte, leur façade est habituellement dans la roche, avec un décor ressemblant à une façade de maison ou de temple, derrière, une petite salle accueillait les cercueils.

 

Toutes ont été pillées au cours des siècles. Parfois des sculptures plus élaborées, navires, végétaux, scènes humaines.


L'ÈRE HELLÉNISTIQUE PUIS ROMAINE

 

Elles ont laissé de nombreux et superbes vestiges tout le lond de cette côte, qui était alors grecque...

 

Ici , il s'agit d'un vaste théâtre creusé à flanc de colline, avec des gradins bien conservés , et la scène dont quelques blocs de pierre ont été avec bonheur remis en place. Il était 6 à 7 mètres sous le niveau du sol actuel, donnant la mesure du phénomène alluvionnaire. Si l'on pouvait retirer la ville et les serres, on mesure l'étendue des trouvailles qui pourraient être faites.

 

Mais je préfère laisser la terre au vivant, quitte à méconnaître des sites antiques, une sorte de philosophie de la vie.


L'EPOQUE CHRÉTIENNE

 

Au 4 e siècle, la ville avait pour évêque Nicolas , celui que nous connaissons. Après son martyre, une basilique à ete édifiée, détruite, reconstruite au cours des siècles, elle fait l'objet d'une profonde dévotion, en particulier des russes , dont c'est le saint patron.

 

Le bâtiment, de faibles dimensions , n'a guère de charme , vu de l'extérieur car abrité d'un auvent moderne abominable, et encaissé de plusieurs mètres, à l'intérieur, des pavements de mosaïques de marbre et d'albâtre, des fresques assez bien conservées, et un fameux portrait de Nicolas.


 

Les visiteurs / euses Russes sont très recueilli.e.s, montrant des signes de piété fervente. 

 


L'EPOQUE CONTEMPORAINE...

 

ne laissera guère de souvenir esthétique aux archéologues du futur, les blocs de béton manquant un peu de poésie et de recherche du beau.

 

Voilà, je n'ai plus qu'à me prendre par la main , pour vous faire partager un peu plus et un peu plus souvent mes coups de coeur.

Bien amicalement à Vous, et à bientôt.

 

Bernard , à bord de Mandala.

 

Une explication pour le titre du blog, le nom du navire, of course, le "43" est sa longueur... en pieds anglais, c'est très commun dans le milieu nautique de pratiquer ainsi.


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NAVIGATION 2017

Bonnes résolutions et... le résultat.

Bonjour, 

 

Non seulement j'avais décidé d'être plus ponctuel dans la relation de mes navigations, mais j'avais bien débuté , rédigeant début juin un texte sur le sud de la Turquie, que je venais de quitter. 

 

Et patatras, impossible de remettre la main sur ce texte, disparues mes feuilles rédigées... Complètement désemparé et dégoûté, je n'ai pas recommencé, et surtout n'ai pas poursuivi dans ce bel effort.

 

Je viens de retrouver ces notes, non sur les feuilles volantes que je recherchais, mais dans un grand cahier, que je pensais vierge.

 

Le moral remonte, la honte de ne rien avoir communiqué sur cette année me pousse également, me voilà devant mon clavier, j'espère que je réussirai quelque chose de correct, vous connaissez mes capacités en informatique...

 

Après son hivernage à Marmaris, Turquie, Mandala a repris ses navigations début mai, le long de la côte turque, vers l'est. Dès le depart, des rencontres avec dauphins et tortues sont de bon augure.

 

Navigation avec un bateau amis, excursions à terre sont très agréables. Vers Kemer et Antalya, au milieu de cette côte, debut de retour , puis passage en Grece, Rhodes , où Marie me rejoint une semaine, debut juin.

 

Puis traversée en zig zag de la mer Égée, le vent est favorable, super. Corinthe, le canal puis le golfe et les iles ionniennes, à l'ouest, debut juillet. Traversée deux jours + une nuit vers la Croatie, où je resterai jusqu'à mi septembre, Marie et des amis m'y rejoindront. Mon retour vers la Gréce, Corfou est décalé d'une semaine, du fait de vents contraires. J'avais prévu de faire le tour du Peloponnese, mais ce retard m'a contraint à repasser par Corynthe, et j'ai d'ailleurs sous le coude , oh pardon le clavier, un petit topo sur la façon de passer le canal, interessant et... émouvant.

 

Début octobre, Marie et des amis arrivent, le vent est nord, allons avec lui, vers le sud, croisière agréable " au portant " c'est-à-dire poussé dans le dos. Le probleme sera pour moi de revenir vers le nord et ses vents dominants.

 

Je suis dans une baie sauvage , d'une île quasiment déserte, grillée par le soleil, alors qu'au printemps, elle est assez verte, Mykonos est très proche, contraste.

 

Bref compte rendu , trop bref, mais vous savez que je ne vous ai pas oublié, des photos suivront, c'est juré.

 

Je vous souhaite... Plein de bonnes choses.

 

Amitiés et bises .

Bernard

 

NB: l'article sur l'Albanie est la copie d'un fil que j'ai rédigé sur le forum nautique hisse et oh, ce qui explique sa sécheresse et sa technicité.


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JOUR DE FETE À KALYMNOS

La mer Égée est grecque depuis plus de trois millénaires, malheureusement elle ne l'est pas toujours restée, les envahisseurs ont été nombreux, les principaux furent les vénitiens et surtout les ottomans -turcs qui sont restés de 1522 à 1912, tandis que le continent était libre depuis un siècle.

 

À la fin de la guerre italo-turque, en 1912, les îles du Dodecanese se sont retrouvées , de fait sinon de droit, sous domination italienne, jusqu'à la fin de la 2e guerre mondiale, elles ont rejoint la Grèce en 1947.

 

C'est bien récent, pourtant leur identité grecque, ethnique,culturelle , religieuse et architecturale ne peut être mise en doute. Malgré un certain nombre de constructions officielles, du plus mauvais style italianisant de l’époque...

 

   
 Ces iles s'étendent en arc de cercle, du nord-ouest au sud-est, le long de la côte turque, parfois juste à 3 km.

Quelques copies d’écran de cartes nautiques de la région, avec la direction et force du vent.

 


Lors d'une escale, un samedi d'automne sur l'île de Kalymnos, les ouvriers municipaux pavoisent la ville, pour l'anniversaire de la libération de leur ile, le lendemain. Des le début de la matinée affluent les participants et les inévitables marchands du temple, ballons, barbe à papa et autres friandises.

 

La cérémonie débute à l'heure grecque, une bonne demi heure de retard, par les discours, heureusement pas trop longs, des autorités civiles, d'un pope et d'un militaire, sabre et goupillon.

Toute l'île est là, la moitié défilera sur le front de mer, applaudie par l'autre moitié depuis les trottoirs, parents, amis, voisins, tout le monde se connaît, sous un beau ciel bleu couleur de Grèce.

 

Chacun s'est mis sur son trente-et-un!

 

Les participants sont soit en costume local, soit dans la tenue de leur école , profession ou autre corps constitué , militaires, scouts, tous défileront dans la bonne humeur, sous les flonflons d'une harmonie municipale qui , malgré les répétitions de la veille, n'est toujours pas au top.

 

La décontraction est de mise, les groupes se dispersent souvent avant le virage qui marque la fin du cortège, militaires et scouts seront les plus disciplinés.

Puis c'est la dispersion, on bavarde, les terrasses des bistrots font le plein...  Seul ce petit garçon, dont le ballon s'est envolé, n'est pas à la fête. À l'an prochain !

 

Un immense MERCI à Eric dont la compétence et la patience m'ont permis d'accéder aux arcanes délicates ( non, non, mais oui pour moi!) de ce site JIMDO, où j'espère très vivement vous donner des nouvelles plus régulières que ces derniers temps, et vous permettre de suivre le cheminement de Mandala.


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